Bonjour à tous!
Si vous avez comme projet de lancer votre propre gamme de cosmétiques, vous aurez certainement entendu parler du dossier information produit, ou DIP.
Sur le papier, ça peut sembler impossible à faire soit même, mais avec un peu d’organisation, on peut tout à fait y arriver.
Mais pourquoi s’embêter à faire son DIP soit même?
Alors que votre toxicologue peut vous le faire en validant vos formules?

Le DIP est composé de 2 grandes parties: la partie A , qui réunie toute la documentation qui servira à évaluer la sécurité du produit, que vous pouvez rédiger vous même. Et la partie B qui résume le raisonnement de l’évaluateur (un toxicologue, un pharmacien ou un médecin).
Alors en effet, votre toxicologue peut rédiger l’intégralité du DIP. Cela vous fera gagner du temps sur le moment, mais ça cous coûtera également beaucoup plus cher! Au delà du tarif, je trouve également extrêmement enrichissant de connaître les avantages et les risques à utiliser tel ou tel ingrédient, comme par exemple les huiles essentielles ou des extraits de plantes. Connaître la réglementation vous fera gagner du temps. Si vous connaissez les dosages maximum à respecter pour la sécurité du consommateur, vous ne risquez pas de faire d’erreurs, et de devoir recommencer toutes vos formules.

Nous allons voir en détail comment rédiger la partie A du DIP, celle que vous pouvez établir vous même :
PARTIE A – Informations sur la sécurité du produit cosmétique
- Formule quantitative et qualitative du produit cosmétique
En premier, il faut noter votre formule, avec le nom des ingrédients en « français » et la retranscrire en INCI.
On va prendre comme exemple la formule de mon sérum anti-âge
Pour retranscrire une formule en français en INCI, il faut regarder la composition de chaque ingrédients dans sa Fiche de Données de Sécurité, ou FDS. C’est un document que tout vos fournisseurs possèdent.
Prenons comme exemple le cosgard, le conservateur de chez Aromazone.

Dans la FDS, on peut voir que le cosgard est composé de 90% de benzyl d’alcool et de 10% d’acide deshydroacétique.
Dans mes formules, j’utilise 0,6% de cosgard.
Je vais donc calculer le pourcentage d’acide deshydroacétique et de benzyl d’alcool.
Dans ma formule en INCI, je vais donc avoir:
0,6 x 90/100 de benzyl d’alcool, soit 0,54% dans ma formule finale
Et 0,6 x 10/100 d’acide deshydroacétique, soit 0,06%
Si on additionne les 2 chiffres, on a 0,54%+0,06%=0,6%
On retrouve bien nos 0,6% de cosgard, mon calcul est juste!
Et je vais faire ce calcul pour tout mes ingrédients
Pour les matières premières tel que les huiles végétales et les beurres, on a en général 100% de produit brut, il n’y a pas besoin de faire ce calcul. Mais il faudra le faire pour les ingrédients comme les tensioactifs ou les huiles essentielles, qui sont des mélanges de plusieurs composés.
Je vais ensuite classer mes ingrédients INCI du plus concentré au moins concentré, et voilà!
2. Caractéristiques physiques/chimiques et stabilité du produit cosmétique
On va ici décrire les caractéristiques physiques et chimique des ingrédients et du produit fini.
Pour les ingrédients, tout est dans les FDS. On n’a rien à rédiger nous même.

Pour le produit fini, il faut décrire la formule galénique, c’est à dire si mon produit est sous forme de crème, d’huile, de lotion, de savon…

Il faut décrire aussi la couleur, l’odeur, le pH si c’est applicable, la densité, l’activité de l’eau, l’inflammabilité pour un parfum à base d’alcool par exemple.
Il faut aussi faire une étude de stabilité. Vous pouvez le faire faire dans un laboratoire extérieur, ou vous même ! Il suffit de laisser votre produit 1 mois dans une étude à 40 degrés par exemple, et voir s’il a changé d’aspect . Si il n’a pas bougé, déphasé, que l’odeur n’a pas tournée, on est bon!
On fera cette étude dans le packaging final, pour vérifier également la comptabilité contenant-contenu.
3. Qualité microbiologique
Il faut évaluer ici l’efficacité du conservateur. On va mettre un échantillon de crème dans un étuve à 40 degrés pendant un mois, comme pour l’étude de stabilité. On va ensuite envoyer cet échantillon dans un laboratoire d’analyse microbiologique pour le faire analyser. Il ne faut pas que des microorganismes se soit développés.
Si vous n’avez pas d’étuves, vous pouvez envoyer directement vos échantillons à un labo d’analyse qui fera tout le processus pour vous, mais ça sera plus cher.

Je trouve qu’il peut être très intéressant d’avoir une étuve dans son propre labo, ça permets de garder un œil sur ses tests de stabilité, et de détecter plus rapidement un problème s’il y en a.
On va également procéder à un challenge test.
Ça consiste à mettre toutes les semaines des contaminants dans le produit à tester, et voir si le conservateur les élimine, sur une durée de un mois. J’en parle plus en détail dans mon article « monter son laboratoire de cosmétiques ».
Ces 2 tests microbiologique ne sont pas à faire si votre produits ne contiens pas d’eau. Comme pour une huile ou un beurre par exemple.
4. Impuretés, traces, et informations concernant le matériau d’emballage
Il s’agit ici de vérifier qu’il n’y ai pas d’impunités, ou de résidus de substances interdites, ou que ce sont des résidus inévitables comme des traces de solvants due à l’extraction d’une matière première par exemple. Cette information est inscrite sur les fiches d’analyses que vous recevrez à chaque livraison de matière première, ingrédients ou packaging. Votre fournisseur vous donnera également un certificat de conformité pour chaque ingrédient.
Il faut aussi indiquer quel est le packaging prévu: si c’est un flacon ou un pot, en verre ou en PET par exemple, ainsi que la quantité en mL ou gramme.

On fournira également un visuel des étiquettes prévu pour le produit fini. L’évaluateur vérifiera qu’elle contient toutes les informations légales
5. Utilisation normale et raisonnablement prévisible
Dans cette rubrique, il faut indiquer comment le produit sera utilisé.
Par exemple, une crème visage sera appliquée 2 fois par jour.
6. Exposition au produit cosmétique:
Il faudra décrire ici:
1) le ou les sites d’application: comme une application cutanée par exemple
2) la ou les zones d’application: par exemple le visage, les cheveux, le corps entier…
3) la quantité de produit appliquée; on va estimer qu’on va utiliser 1g pour le visage, 10g pour tout le corps
4) la durée et la fréquence d’utilisation: par exemple 1 fois par jour, pendant 3 mois si on estime que le pot sera fini en 3 mois.
5) la ou les voies d’exposition normales ou raisonnablement prévisibles: application sur la peau ou les cheveux, rincé ou non
Éviter ou non le contour des yeux
6) la ou les populations visées (ou exposées): on dira si le produit est adapté aux adultes, aux enfant, aux bébé, aux femmes enceintes…

7. Exposition aux substances
Ces données sont inscrites sur les FDS et les fiches d’analyses, que votre fournisseur vous enverra
On y trouve la liste des composants de chaque matière première, les allergènes, les CMR s’il y en a, la présence ou non de nanoparticules comme pour l’oxyde de tita
8. Profil toxicologique des substances
Ces données sont inscrites sur la FDS et les fiches d’analyses de chaque ingrédients. Il faudra les fournir à votre toxicologue.
9. Effets indésirables et effets indésirables graves
Vous allez noter ici tout les effets indésirables que vous avez pu relever à l’utilisation de votre produit.
Comme des allergies, rougeur, irritations…
Il faudra signaler les effets indésirables éventuels lors de la mise sur le marché de votre produit.
10. Informations sur le produit cosmétique
Nous allons noter ici les informations obtenues si vous avez fait des essais cliniques. Pour prouvez une efficacité, une évaluation des risques comme des patch test par exemple.
Et voilà pour la partie A du DIP.
Vous voyer, au final ce n’est pas si compliqué. Il s’agit surtout de collecter les données demandées par votre toxicologue, et de réaliser les tests obligatoire.
J’ai repris ici la trame du DIP disponible sur le site de l’ANSM, lien ici.
Chaque toxicologue vous donnera son propre questionnaire , qui reprendra ces même éléments, en détail. Il sers aussi pour vous aider à tout rédiger.
Au final le plus long c’est de faire les tests de stabilité, challenge test, et réunir toute la documentation.
En soit, rien d’impossible !
La partie B résume le raisonnement de l’évaluateur.
PARTIE B – Évaluation de la sécurité du produit cosmétique
- Conclusion de l’évaluation
Indication relative à la sécurité du produit cosmétique au regard de l’article 3, la partie concernant le conservateur. - Avertissements et instructions d’utilisation figurant sur l’étiquette.
L’évaluateur vous indiquera s’il faut mettre des instructions comme « ne pas utiliser chez les enfants de moins de 3 ans », ou « éviter les contours des yeux » - Raisonnement
Explication du raisonnement scientifique aboutissant à la conclusion de l’évaluation.
On a ici tout le détail du raisonnement du toxicologue. - Références de la personne chargée de l’évaluation et approbation de la partie B
Nom et adresse de la personne chargée de l’évaluation de la sécurité. Preuve de qualification de la personne chargée de l’évaluation de la sécurité. Date et signature de la personne chargée de l’évaluation de la sécurité.
Retrouvez ce article en vidéo sur ma chaine YouTube :
J’espère que cet article vous aura aidé à y voir plus clair sur la rédaction du DIP.
N’hésitez pas à me poser vos questions en commentaire, j’y répondrai avec plaisir!
A très bientôt !
bonjour Laetitia !
merci pour cet article très détaillé!
je voudrais savoir si tu connais le logiciel mydip? et si oui, ce que tu en penses?
bonne journée!
Bonjour Sophie!
Merci pour ton retour 😉
Je connais de nom ce logiciel, mais je ne l’ai jamais utilisé
Merci de ta réponse 😊
Je trouve étrange que ce soit connu de nom mais personne ne l’utilise, il est gratuit en plus ! .j’ai envie de le télécharger mais du coup j’ai peur d avoir une mauvaise surprise 😅😅😅
Bonjour Sophie,
Je viens de voir votre message, et serais curieuse de savoir si vous avez téléchargé ce logiciel, et ce que vous en pensez ? Je suis en cours de création d’une savonnerie, et il est clair que ce logiciel m’interesse aussi…
Je vous remercie ! 👍
[…] Le Dossier Information Produit, ou DIP 11 octobre 2021 3 commentaires […]
Bonjour, Vous dites : J’en parle plus en détail dans mon article « monter son laboratoire de cosmétiques ».
pourriez vous svp me donner le lien de l’article, je ne le trouve pas en cherchant. Merci